giovedì 17 aprile 2014
Maurice Blanchot da destra a sinistra
Lignes, N° 43, mars 2014 : Les politiques de Maurice Blanchot : 1930- 1993
Contributeurs:
Martin Crowley, Michel Surya, Jean-Luc Nancy, Boyan Manchev, Mathilde Girard, David Amar, François Brémondy, David Uhrig
Toutes les politiques
de Maurice Blanchot, d’avant-guerre comme d’après-guerre, d’extrême
droite comme d’extrême gauche, enfin analysées dans le détail, sans en
rien éluder, pour connaître et pour comprendre une trajectoire politique
parmi les plus mouvementées, loin de l’image qu’on se fait de leur
auteur. Un numéro exceptionnel.
Un important
travail restait à faire sur Maurice Blanchot, et il revenait de le faire
à ceux qui sont généralement regardés comme ses amis.
Quel travail ? celui qui consiste à mettre au jour, articuler et penser
la totalité de sa trajectoire politique. La totalité : sans en rien
éluder. Sans rien éluder essentiellement de ce que celui-ci a écrit et
pensé (écriture et pensée qui constituèrent une action, et une action
manifestement politique) durant les années trente, en tant que
journaliste et agitateur de l’extrême droite française. C’est-à-dire ce
que l’on connaît le moins de lui, méconnaissance qui n’a pas permis
jusqu’ici d’avoir de cette œuvre une vue réellement d’ensemble.
Sujet délicat s’il en est, qui a été mal perçu les rares fois qu’il a
été entrepris. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. D’abord parce que le
temps n’en était pas encore tout à fait venu (la France, même
intellectuelle, est généralement réticente à considérer son passé) ;
ensuite parce que ce travail a été le plus souvent parcellaire et
personnel (ce qui ne retire rien à son mérite, mais dit simplement qu’il
n’aura du coup pas été suffisant) ; enfin, parce qu’il n’est pas rare
qu’il ait été malintentionné, c’est-à-dire qu’il ait été dû à des
personnes qui ne manquaient pas d’autres raisons de ne pas aimer
Blanchot.
Tenons donc que le moment est venu de l’entreprendre au fond ; nous
sommes plusieurs du moins à l’avoir estimé et à décider de le faire
ensemble (offrant donc autant d’angles que possible) et à le faire dans
Lignes. Est-il utile de rappeler que c’est dans Lignes justement qu’ont
paru, de son vivant et avec son accord, tous les textes politiques de
Blanchot, après la guerre, soit, essentiellement, en 1958 et 1968. Qui
ont contribué à faire de lui un penseur de la politique considérable,
quand la très grande considération qu’on lui montrait jusque-là
n’intéressait que sa littérature et sa pensée.
Travail sans concession aucune, déplaisant sans doute – qui n’élude
ni n’excuse rien –, mais nécessaire. Qui établit, articule et pense.
Établit les faits et les textes ; articule la succession de périodes si
contradictoires (l’avant-guerre, l’après-guerre ; l’extrême droite,
l’extrême gauche) ; et pense autant que possible la trajectoire que
celles-ci dessinent. Trajectoire d’une pensée ainsi rendue visible,
quand la trajectoire de l’existence de son auteur échappe,
essentiellement se dérobe.
Chronique de Raphaël Bourgois (La Grande Table, minute 29).
"La dérangeante énigme Blanchot". Recension par Olivier Doubre dans Politis, le 20 mars 2014.
"Quand Blanchot soutenait Pétain". Entretien avec Michel Surya, par Éric Aeschimann dans Le Nouvel Observateur (mars 2014).
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