Bernard Stiegler: Etats de choc. Bêtise et savoir
au XXIè siècle, Mille et une nuits, 2012, pp. 360, euro 18,30
Risvolto
L’impression que la déraison domine désormais les hommes accable chacun d’entre nous. Que la rationalisation qui caractérise les sociétés industrielles conduise à la régression de la raison
(comme bêtise ou comme folie), ce n’est pas une question nouvelle :
Theodor Adorno et Max Horkheimer nous en avertissaient déjà en 1944 – au
moment où Karl Polanyi publiait La Grande Transformation.
Cette
question a cependant été abandonnée, tandis qu’au tournant des années
1980, la rationalisation de toute activité, rapportée au seul critère de
la « performance », était systématiquement et aveuglément orchestrée
par la « révolution conservatrice » – imposant le règne de la bêtise et
de l’incurie.
Tout en mettant en évidence les limites de la
philosophie qui inspirait l’École de Francfort, le post-structuralisme
laisse aujourd’hui ses héritiers désarmés devant ce qui s’impose comme
une guerre économique planétaire et extrêmement ravageuse.
Naomi
Klein a soutenu que la théorie et la pratique ultralibérales inspirées
de Milton Friedman reposaient sur une « stratégie du choc ». L’« état de
choc » permanent règne cependant depuis le début de la révolution
industrielle – et plus encore depuis le temps où s’applique ce que
Joseph Schumpeter décrivit comme une « destruction créatrice »,
caractéristique du modèle consumériste.
À partir des années 1980,
sous l’impulsion de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, l’état de choc
technologique a été suscité par un marketing planétaire ne rencontrant
plus aucune limite, imposant la prolétarisation généralisée, et
détruisant l’économie libidinale : ainsi s’est installé le capitalisme
pulsionnel où la destruction créatrice est devenue une destruction du
monde.
L’état de choc est ce que le post-structuralisme n’aura pas
pensé, principalement en raison de deux malentendus : 1. quant au sens
de la prolétarisation (que Marx pense avant tout comme une perte de
savoir induite par un choc machinique), 2. quant à la nature de
l’économie libidinale (au sein de laquelle Freud, à partir de 1920,
distingue la libido de la pulsion).
Bernard Stiegler, philosophe, est notamment l’auteur de La Technique et le Temps, Mécréance et discrédit, Prendre soin. De la jeunesse et des générations et Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
Depuis 2006, il dirige l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) et
préside l’association Ars Industrialis, Association internationale pour
une politique industrielle des technologies de l’esprit.
Bernard Stiegler:
Reincantare il mondo. Il valore spirito contro il populismo industriale, Orthotes, 2012, pagine 1
84, euro 16
Risvolto
Reincantare il mondo
incrocia coraggiosamente teorie diverse, come il processo di
individuazione di Simondon, la psicanalisi freudiana, certi aspetti
della fenomenologia di Husserl, la grammatologia di Derrida e le
riflessioni foucaultiane sugli hypomnémata, al fine di promuovere il valore spirito e contrastare il populismo industriale
– ossia la dissociazione e la captazione dell'attenzione divenute
sistema. Grazie a queste coordinate, Stiegler disegna una filosofia e un
pensiero che devono ritornare ad essere forti, in un certo senso più
del “pensiero forte”. Per l'autore di questo libro, infatti, il reincanto del mondo è la costruzione di un'alternativa all'esito più nefasto del disincanto
del mondo descritto da Max Weber. Se il disincanto del mondo è
l'espressione del predominio delle logiche di efficienza e produttività,
e si poggia sulla convinzione che tutti i fenomeni possano essere
dominati dalla ragione, abbandonando perciò ogni riferimento a elementi
magici, metafisici o religiosi, per Stiegler tale disincanto si è
rivelato sempre più nocivo a misura della costante e pressoché
illimitata ipertrofia delle nuove tecnologie, veicolata da un
capitalismo ormai palesemente tossico. Di fronte a ciò, piuttosto che
opporsi al divenire tecnologico, si rende necessario «un nuovo progetto
industriale che bisogna inventare e che miri a intensificare la singolarità in quanto incalcolabile, socializzando dei dati che non possano essere ridotti a oggetti di un mero calcolo economico. Si tratta di inventare l'industria del calcolo che impedisca di calcolare (sul)le esistenze – ma inventarla con gli strumenti digitali. Si tratta, in effetti, di reincantare il mondo, ossia di edificare i modi di sussistenza e di esistenza che sostengono l'altro piano, il piano delle consistenze, che è quello del canto – il canto di quelle Sirene senza le quali non c'è nulla».
SAGGI
Un breve sentiero di lettura a partire dagli ultimi due libri del filosofo Bernard Stiegler Il sapere codificato in un sistema di macchine che toglie potere agli umani in nome della telecrazia I dispositivi tecnologici sono l'interfaccia sviluppata per mettere in comunicazione la «bestia e il sovrano»
APERTURA - Marco Dotti il manifesto 2012.09.01 - 11 CULTURA
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