martedì 26 giugno 2012
Drieu nella Pléiade
Pierre Drieu La Rochelle: Romans, rècits, nouvelles, Edition sous la direction de Jean-François Louette avec la
collaboration de Hélène Baty-Delalande, Julien Hervier, Nathalie
Piégay-Gros,
Gallimard Bibliothèque de la Pléiade,1834
pagine, 65,50 euro
Risvolto
Drieu assignait à l’intellectuel le devoir «d’essayer les chemins de
l’Histoire». Le jeu est risqué, il le savait. Mais prévoir le risque
d’égarement n’est pas tout. Une erreur est une erreur, une faute est une
faute ; il faut en répondre. Il savait cela aussi. Peu avant la fin, il
fit le bilan: «nous avons joué, j’ai perdu. Je réclame la mort.» Il fut
son propre procureur, son propre juge, son propre exécuteur. «Il était
sincère, dira Sartre ; il l’a prouvé.»
Il fut aussi son propre avocat, non sans talent, mais sans grande
conviction. Sa nature le poussait plutôt à l’autodénigrement (la
critique le suivit sur cette pente), au doute, aux contradictions
réelles ou apparentes: «Un artiste doute, en effet, de lui-même ; il est
en même temps sûr de lui.» Il savait qu’il appartient à la postérité de
juger en appel, voire en cassation, mais il ne s’y fiait pas trop.
Préservé de toute certitude par une inquiétude foncière, il doutait
autant de son élection future que de sa condamnation définitive. «Et
pourtant la cohérence de ma sensibilité et de ma volonté apparaît à qui
me fait la justice de relire dans leur suite une bonne partie de mes
ouvrages», écrivait-il au moment de rééditer Gilles.
Cette édition propose, précisément, «une bonne partie» de ses oeuvres
romanesques : des romans, des nouvelles et des textes dans lesquels le
récit tourne à l’essai ou à l’autobiographie. Au reste, les idées de
Drieu et sa propre histoire («je n’ai qu’elle à raconter») sont
présentes partout, avec une intensité variable. Lui-même parlait de
«fiction confessionnelle», mélange de confession et d’invention, de
sincérité et d’affabulation, de mémoire et de rêve. La richesse du
cocktail n’est pas pour rien dans le charme qu’exercent ses livres et
que renforcent encore des alliances peu fréquentes, entre désinvolture
et gravité, lucidité et aveuglement, espoir et désarroi.
Hantée par l’idée de décadence, l’oeuvre de Drieu est, comme sa vie,
dominée par la mort, qui est l’informe, c’est-à-dire l’envers de l’art.
Peut-on, par et dans les livres, donner forme à l’informe? Selon Drieu,
qui avait le culte de l’échec (en art, en amour, en politique…),
«l’oeuvre d’art la plus réussie est une déception pour qui a tenu dans
ses mains la misérable vérité». Mais le lecteur qui lui fera «la justice
de relire dans leur suite» ses ouvrages ne sera sans doute pas de son
avis. Il découvrira l’une des plus fortes analyses romanesques du
cynisme, la satire d’une époque qui pèse encore sur la nôtre, et une
forme inédite de diatribe, dans laquelle l’écrivain retourne à tout
instant ses armes contre soi. Toujours incertain de lui-même, Drieu
s’est mis à la merci de ses contemporains. C’est peut-être cette même
incertitude de soi qui permet qu’aujourd’hui l’on s’attache à lui.
di Stenio Solinas - il Giornale 26 giugno 2012
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